… et pour l’environnement
Une nouvelle lecture vient d’attirer notre attention et nous souhaitons vous la faire partager. Nous comptons sur la véracité des informations de ce quotidien qui, quelle que soit sont obédience, nous semble mettre un gros pavé dans la filière « bois chauffage ». Cela irait t’il à l’encontre de ce que l’on veut bien nous faire croire pour des raisons économiques et écologiques? Nous vous retranscrivons ci-dessous l’article publié… N’hésitez pas à suivre les liens proposés dans la page, ils sont riches d’enseignements divers sur le sujet. A chacun d’y retrouver son compte.
TRIBUNE
Un collectif de médecins et d’associations de santé alertent sur le développement des centrales à bois et des incinérateurs, cancérigènes et toxiques pour le système respiratoire.

La combustion du bois est la source la plus émettrice de polluants toxiques pour la santé. Les particules émises par la combustion du bois sont les plus nocives, semblables en termes de composition aux particules diesel (fioul de chauffage et gazole routier), notamment en raison des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) extrêmement cancérigènes qui entrent à la fois dans la composition des particules fines mais également des gaz émis par la combustion du bois. La combustion du bois peut émettre jusqu’à 35 fois plus de HAP cancérigènes que le fioul domestique, et bien plus encore comparativement à la combustion du charbon ou du gaz.
En plus de leur caractère cancérigène, ces particules carbonées sont également les plus toxiques pour les systèmes respiratoires, cardiovasculaires ainsi que pour le développement du fœtus. La combustion du bois est également à l’origine d’autres polluants toxiques, notamment des composants organiques volatiles, cancérigènes également. Dans ce contexte, encourager le développement du chauffage au bois et des centrales biomasses – qui fonctionnent en grande partie au bois – est dangereux pour la santé de nos concitoyens et incompatible avec les politiques publiques d’amélioration de la qualité de l’air notamment dans les treize villes et territoires qui outrepassent les normes européennes.
Biomasse : un substitut au charbon plébiscité en Europe
International 7 févr. 2019
Certes, cette pollution est surtout marquée pour les anciens appareils de chauffage et tend à diminuer avec l’amélioration et le renouvellement des installations. Ainsi certaines centrales biomasses récentes sont équipées de filtres à manche permettant de diminuer les émissions mais qui laissent passer les particules ultrafines, les plus toxiques, en raison de leur taille et des nombreux hydrocarbures aromatiques polycycliques présents à leur surface.
De nombreux projets de centrale biomasse en France et à l’étranger se heurtent à l’opposition de riverains inquiets pour leur santé et d’associations en pointe dans la lutte écologique, telles que Greenpeace ou les Amis de la Terre, qui s’accordent pour dénoncer la multiplication des centrales au bois. Les erreurs ne s’arrêtent malheureusement pas là puisque l’État encourage – en plus de la combustion du bois – le recours à la production de chaleur par incinération. Citons l’usine Blue Paper à Strasbourg, qui a bénéficié de subventions et d’aides des collectivités et de l’Ademe pour remplacer des chaudières au gaz par un incinérateur afin de fournir la chaleur nécessaire à la production de carton recyclé. Ce passage du gaz à l’incinération de déchets augmente significativement les émissions de particules fines et de HAP.
10 % de gaz à effet de serre supplémentaires d’ici dix ans
Dangereuse pour la santé, la combustion intensive du bois n’est pas bonne non plus pour le climat. Si la croyance populaire, savamment entretenue, veut qu’elle soit neutre en carbone, en vérité, il n’en est rien : à quantité égale, la combustion du bois est plus émettrice de CO2 que n’importe quelle autre énergie ! Certes, les arbres absorbent du CO2 – CO2 d’ailleurs habilement retranché des émissions liées à la combustion du bois pour faire croire en sa neutralité carbone. Mais si celle-ci peut être réelle lors de faible consommation des ressources en bois, elle ne fonctionne plus au rythme actuel de déforestation et de consommation du bois, qui rend impossible à nos forêts de remplir leur fonction d’absorbeuses de CO2, y compris en Europe.
C’est le sens d’une lettre publiée dans la revue Nature – et envoyée à l’Union européenne – par des chercheurs du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec). Ces scientifiques alertent sur le danger du développement industriel des forêts européennes, qui ne permet pas de compenser l’augmentation des émissions de CO2 liées au développement des centrales et chauffages au bois et ils estiment que si rien n’est fait la filière bois énergie sera responsable, à elle seule, d’un accroissement de 10 % des gaz à effet de serre dans les dix prochaines années.
Certes, le mix énergétique, la sortie des énergies fossiles sont à encourager mais nous appelons à ne pas développer le recours aux centrales biomasses et incinérateurs notamment dans les villes et territoires très pollués. Dans ce contexte, nous pensons qu’interdire le gaz dans les logements neufs n’est pas non plus une bonne solution, le gaz pouvant dans les villes polluées, représenter une alternative très peu polluante en attendant que d’autres énergies renouvelables soient enfin accessibles.
Polluants insuffisamment évalués
Nous, médecins et professionnels de santé, rappelons également que les polluants toxiques sont insuffisamment évalués et réglementés dans l’air ambiant, notamment les polluants émis par le secteur industriel incluant les centrales au bois et incinérateurs. Nous insistons sur l’importance d’instaurer des valeurs limites et une surveillance des polluants toxiques non encore réglementés, comme le préconise l’Anses, et nous demandons une révision des normes pour les polluants les plus nocifs comme les HAP. En effet, sur la dizaine de HAP cancérigènes, seul le benzo(a)pyrène bénéficie de valeurs limites dans l’atmosphère, mais il s’agit de normes annuelles et non journalières. En outre, la Convention de Genève prévoyait en 1997 de diviser par un facteur 10 ces concentrations annuelles (de 1ng /m3 /an à 0,1ng /m3 /an) ce qui n’est toujours pas appliqué.
Premiers signataires : Dr Thomas Bourdrel, radiologue Strasbourg, Collectif Strasbourgrespire et Collectif Air-Santé-Climat ; Dr Christian Michel, médecin généraliste Strasbourg ; Dr Thierry Reeb, cardiologue Strasbourg ; Dr Schmoll Laurent, ORL Strasbourg ; Dr Jean-Marie Diancourt, pneumologue Strasbourg ; Dr Myriam Ernst, médecin généraliste Strasbourg ; Dr David Dadoun, cardiologue Strasbourg ; Dr Alexandre Leclercq, pneumologue Strasbourg ; Professeur Isabella Annesi-Maesano, Directeur de Recherche (DR1) INSERM, Co-Directrice Institut Desbrest d’Epidémiologie et Santé Publique (IDESP), INSERM et Université de Montpellier ; Docteur Mallory Guyon, médecin généraliste, les Houches, Coll’Air Pur Santé (CAP) ; Docteur Gilles Dixsaut, Comité Francilien contre les maladies respiratoires ; Docteur Pierre Souvet, cardiologue, Vitrolles, président de l’Association Santé Environnement France (ASEF) ; Dr Richard Faitg, anesthésiste, les Hôpitaux de Léman, Collectif Environnement Santé 74 ; Dr Lamia Kerdjana, Anesthésiste-réanimatrice, Présidente de Jeunes Médecins IDF ; Dr Alicia Pillot, médecin généraliste Heyrieux, collectif Pepsel ; Dr Mélanie Popoff, Médecin spécialiste en Médecine Physique et de Réadaptation, Bordeaux, Dr Sylvie Langlais, gynécologue, Metz ; Réseau Environnement Santé (RES).
Liste complète des signataires : strasbourgrespire.fr/alertebois21
Source : Libération : publié le 17 avril 2021 à 10h15